Le Fabuleux Passé de Pauline Breteau

 


historique

Blason du comté du Maine

 

BRETEAU : nom de famille issu d’un métier

 

Origine du nom BRETEAU

Le nom BRETEAU représente une forme vocalisée de BRETEL, c'est-à-dire qu’une consonne s’est mutée en voyelle (l>u), phénomène linguistique fréquent au cours du Moyen-Age, dû au parler populaire, tels chastel devenu château, bel>beau, etc. Le surnom « li bretel », dérivé ou diminutif de « bret », fut attribué à l’un de vos ancêtres vers le XIème, XIIème ou XIIIème siècle, à l’époque de la formation des noms héréditaires, probablement en raison d’une activité professionnelle. L’ancien français « bret, broi, brai », attestés au XIIème siècle, issu du germain « brid » (planchette), désignaient « un piège à oiseau », le terme « braicel » s’appliquait à un « engin de chasse pour prendre les oiseaux », celui de « broion » à un « piège pour prendre les animaux » ; le « braieteur » (XIVème siècle) était « le chasseur qui prenait les oiseaux au brai ». Le surnom « li bretel » a désigné un chasseur qui chassait au brai.

C’est donc, en quelque sorte, par son travail que votre ancêtre a été différencié et surnommé ainsi par ses contemporains. On peut imaginer votre aïeul être identifié dans les actes administratifs par la mention « Jehannes dict li bretel » (Jean dit le chasseur d’oiseaux). Mais BRETEAU peut avoir une autre origine. BRETEAU peut représenter une variante graphique de BRETAUD, métathèse de BERTAUD (ber passe à bre, phénomène fréquent, comme « formage » est passé à « fromage »). Il s’agirait alors d’un ancien nom de baptême d’origine germanique devenu héréditaire, comme les Bernard, Geffroy, etc. Enfin, « le bret », en ancien français désignait le breton, « breteau » n’en serait-il pas un dérivé, d’autant que la majorité des BRETEAU sont dans l’Ouest, proche de la Bretagne ?

Quelques mots d’histoire vous permettront de bien comprendre le contexte dans lequel le nom BRETEAU a évolué. Dès le Vème siècle, après la période romaine qui avait apporté le modèle des noms multiples, le christianisme triomphant, à l’instar des Francs germains, impose le système du nom unique. En attribuant un nouveau nom le jour du baptême, tels Bernard, Louis ou Victor, les chrétiens voulaient marquer une rupture avec le monde ancien et symboliser l’entrée dans un nouveau monde. Désormais, nos lointains ancêtres ne portent plus qu’un seul et unique nom, celui qu’ils ont reçu le jour de leur baptême.

Au bout de cinq siècles de cette pratique, le nom unique va se heurter à de nombreux problèmes d’homonymie dus à un essor démographique sans précédent. En effet, pendant cette période des XIème, XIIème et XIIIème siècles où se sont formés les noms de famille, la population française aurait triplé, passant de 5 à 15 millions d’habitants. Lorsqu’une majorité d’individus portait les mêmes noms, le choix se limitait aux noms les illustres, notamment ceux des saints, il est alors facile d’imaginer pourquoi le système du nom unique a volé en éclats.

Pour contrecarrer ces homonymies, nos ancêtres ont naturellement fait appel aux surnoms, c’est-à-dire qu’un qualifiant complémentaire au nom de baptême vient préciser l’identité. C’est ainsi que Bernard devint Bernard le grand, Louis le pieux ou Victor du mont. Ces surnoms étaient tirés soit de l’aspect physique de la personne, tel « le chauve », soit de son lieu d’origine, « du chemin », soit de son métier, « le boulanger », soit de ses mœurs « cornevin » (qui réclame du vin) ou tout simplement ils exprimaient une continuité du nom de baptême comme Michelin pour Michel.


Pourquoi le nom BRETEAU s’est-il fixé en nom de famille ? Ce surnom a d’abord affecté un homme, puis toute la « maisonnée ». Ce nom « collait à la peau » de vos aïeux, c’était la maison « des Breteau ». Mais ce phénomène héréditaire procède aussi de l’expression de filiation inscrite dans les registres administratifs du type « Johannes li charpentier », puis pour les descendants « Jacobus filius Johanni dict charpentier », puis pour faire « Jacobus charpentier », sous entendu « fils de ». Ainsi, le surnom du père se transmet. Voilà pourquoi, quelque trente générations plus tard vous vous appelez toujours BRETEAU. Vous êtes, en France, environ 2200 porteurs de ce patronyme, principalement dans les départements de la Sarthe et de la Mayenne.

 


Synthèse réalisée par Jacques BODRAIS,
d’après les auteurs Al. Dauzat, M. Th. Morlet.

 

© 2007 Pauline Breteau.